RANGER
Ranger, c'est mettre de l'ordre dans ses affaires, les trier, en jeter/donner certaines, en garder d'autres.
C'est faire des deuils, tourner des pages, fermer des portes, difficile voir douloureux pour certaines, s'apprêter à en ouvrir de nouvelles.
Peu de meubles pour beaucoup d'affaires et peu d'entrain pour ce genre de tâche fatiguante physiquement, moralement éprouvante.
Je suis la seule à pleurer mais je vois bien que ça remue tout le monde.
Ranger, c'est faire des courants d'air, du vide, de la place, c'est regarder les choses en face.
Mes enfants sont grands.
Je voudrais ralentir la course du temps. Il n'y a pas de frein et le temps s'accélère.
Je me sens comme à la veille du retour de vacances.
Des vacances épuisantes mais belles, des vacances que l'on voudrait éternelles, des vacances dont on aura goûté chaque instant et à la suite desquelles on se demande comment on pourra s'accommoder de la fadeur d'un quotidien où les rires des enfants s'éloignent, inexorablement...
Je redoute le moment où le nid sera vide, ce calme qui s'abattra sur mes jours et mes nuits, ce tournis d'âme en peine contre lequel je ne pourrai rien, cet appartement aujourd'hui trop petit, demain trop grand.
Dieu fait couler le sable... ça file vite, vite, trop vite !
Seigneur, voilà ma peine, je te la confie, je te l'offre.
Que tout se passe et se vive selon ta volonté.
***
J'ai jeté la première couverture que j'avais crochetée pendant ma première grossesse. Pendant que j'écris, j'y pense et j'ai envie d'aller la récupérer, m'enrouler dedans et hurler : s'il vous plaît, je voudrais tout revivre, même les moments difficiles rien que pour revoir mes enfants petits, pour la joie de vivre avec eux, pour la merveille d'être éclaboussée par leur fraîcheur, leur grâce. Quoi qu'il en soit, merci de m'avoir accordé d'être leur maman.