UN PETIT MOMENT DE GRÂCE
Abonnée à Dimanche dans la ville, j'écoute un passage de l'évangile :
Personne ne va vers le Père sans passer par moi (Jean 14 1-12).
J'essaye d'écouter car le plus jeune de mes enfants me parle et continue de le faire en regardant par la fenêtre quand je lui demande de patienter un peu..
A la fin du texte, je l'interroge :
- que se passe-t-il ?
Et lui, de me répondre de venir voir.
Je m'approche de la fênetre et je vois que dans le petit carré de terre qui se trouve au rez-de-chaussée de notre immeuble, les jardiniers plantent des fleurs.
C'est touchant de simplicité, inattendu, joyeux même, infiniment joyeux.
Je me précipite sur le palier ouvert sur l'extérieur.
Je me penche un peu au-dessus de la balustrade et j'interpèle à peine plus fort qu'un chuchotement :
- Monsieur, Monsieur, vous m'entendez ?
L'homme finit par lever la tête en me disant qu'il croyait que c'était Dieu qui lui parlait (véridique).
Ca me fait rire et je réponds que justement, j'y pensais moi aussi (à Dieu).
Je le remercie, lui et son collègue de travail.
Ils sont beaux tous les deux
.L'un ressemble à un indien d'Amérique du Sud, l'autre à un gars du désert.
Moment de grâce.
Je crois qu'ils sont surpris de ce merci impromptu, d'ailleurs, je le suis autant qu'eux.
Au même moment, la fille de l'un de nos voisins passe. à côté de moi et poursuit son ascension dans les étages.
Jamais je ne l'ai trouvée aussi jolie, elle, qui m'agace tant d'ordinaire.
Je suis sortie de chez moi sans même réaliser que je ne suis ni coiffée ni habillée correctement.
Ca ne fait rien.
J'ai suivi l'élan, subitement émerveillée de voir ces hommes plantant la beauté là, sous nos fenêtres, entre ces murs de béton, sans penser à rien d'autre que l'impérieuse nécessité de remercier.
Oh, la vue de ces si petites fleurs, sans prétention, pleines de couleurs et celle de ces deux hommes magnifiques d'humilité m'ont littéralement transportée.
Si j'osais, je me laisserais aller à penser que l'espace d'un court intant, Dieu m'a prêté ses yeux.