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Y'A UNE ROUTE... Il y a dans le cœur de chaque homme un vide en forme de Dieu, et nul autre que Lui ne peut le combler. Pascal
11 mai 2019

JE NE PUIS RETENIR MES LARMES - SAINT BERNARD

« Souvent, dit saint Bernard (Serm. in Cant.), en pensant aux désirs de ceux qui soupiraient après la venue du Messie, je suis affligé et confus : je ne puis retenir mes larmes, tant je souffre de voir la tiédeur et la torpeur de nos misérables temps. Car à qui de nous la réception de cette grâce cause-t-elle autant de joie qu'en causait aux anciens la seule promesse de la même grâce ? » Pendant les longs siècles où le genre humain gémissait dans une profonde misère, c'est-à-dire pendant cinq mille deux cents ans environ, selon les Septante, personne ne pouvait monter à l'éternelle béatitude dont l'entrée avait été fermée par la faute du premier homme (1), Les Esprits bienheureux, jetant un regard de compassion sur ces déplorables ruines, supplièrent le Seigneur de combler enfin les vides qui existaient dans leurs rangs : et ils redoublèrent leurs prières avec d'autant plus d'instance que la plénitude des temps approchait. Ainsi, la Miséricorde ayant la Paix avec elle frappait au cœur du Père qu'elle pressait de nous secourir: mais, la Vérité avec elle ayant la Justice s'y opposait : alors s'éleva une grande contestation que saint Bernard nous rapporte dans son premier sermon sur l'Annonciation ; en voici le précis. La Miséricorde disait à Dieu : « L'homme a besoin que vous ayez pitié de sa misère qui est extrême, et voilà le temps de lui faire miséricorde (Ps. 101, v. 14). » La Vérité disait au contraire : « Seigneur, accomplissez votre parole ; qu'Adam meure pour toujours avec tous ceux qui étaient en lui, lorsque, par sa désobéissance, il a goûté le fruit défendu. » Mais la Miséricorde répliquait : « Seigneur, pourquoi m'avez-vous faite ? La Vérité sait bien que si vous n'êtes jamais touché de compassion, je ne suis qu'un vain nom. » La Vérité reprenait : « Si le prévaricateur peut échapper à la sentence que vous avez portée contre lui, votre Vérité n'existe plus, elle ne demeure pas pendant toute l'éternité. » Le Père alors renvoya le débat au Fils devant lequel la Vérité et la Miséricorde parlèrent comme précédemment. On ne voyait pas trop comment au sujet de l'homme on pourrait conserver les lois de la Vérité et les entrailles de la Miséricorde. Mais le Roi des Rote donna la solution en ces termes : lune dit : Je ne suis plus rien, si Adam ne meurt pas; et l'autre dit: Je n'existe plus, si Ton n'a pas pitié de l'homme. Donc, que la mort soit bonne, et les deux
parties contestantes gagneront leur procès, de façon qu'Adam subira la mort et obtiendra la miséricorde. Tous admirèrent cette décision du Verbe, Sagesse éternelle, et consentirentàce qu'Adam subit la mort en obtenant miséricorde. Mais on se demandait : Comment la mort peut-elle devenir bonne, puisque son nom même fait horreur ? Le Roi répondit (Ps. 33. v. 22, Ps. 115, v. 15) : La mort des pêcheurs est détestable, mais la mort des saints est précieuse, elle est la porte de la Vie. Qu'on trouve donc quelqu'un qui sans être sujet à la mort la subisse par charité ; la mort ne pourra retenir captif cet innocent qui ouvrira une brèche par laquelle passeront les hommes délivrés. La proposition fut acceptée. Mais où trouver, disait-on, cette victime volontaire ? Alors la Vérité parcourt la terre entière et elle n'y trouve personne qui soit sans aucune tache, pas même Venfant d'un jour (Job c. 14, v. 4, juxta vers, alexandr.). De son côté la Miséricorde parcourt le ciel, mais elle n'y trouve personne qui ait une charité capable d'un tel sacrifice : caria victoire sur la mort devait revenir à celui qui posséderait la charité la plus grande jusqu'à donner sa propre vie pour des serviteurs inutiles (Joan., c. 15). La Miséricorde et la Vérité reviennent donc au jour assigné, plus inquiètes que jamais, sans avoir trouvé ce qu'elles cherchaient. Enfin la Paix leur dit à part pour les consoler : Ne savez-vous pas qu'il n'en est aucun qui fasse le bien, qu'il rien est pas un seul ? (Ps. 52, v. 4). Donc, que celui qui a donné le conseil apporte le secours. Le Roi éternel le comprit et dit : Pœnitet me fecisse hominem (Gen. c. 6, v. 7) ; c'est à moiqu'incombe la peine pour avoir fait l'homme ; c'est à moi de subir le châtiment que ma créature a mérité. Puis ayant appelé l'ange Gabriel, il lui donne cet ordre : Va dire à la fille de Sion : Voici que ton Roi vient (Zach. c. 9, v. 9). Lecéleste messager court dire à la fille de Sion : Ornez voire chambre et recevez le Roi (Missale rom.). D'après ce récit dramatique de saint Bernard, voyez combien le péril était grand, combien le péché était énorme, puisqu'il a été si difficile de trouver le remède. Les susdites "Vertus donnèrent leur consentement à la résolution généreuse du divin Verbe, et alors fut accomplie cette parole du prophète : La Miséricorde et la Vérité se sont rencontrées, la Justice et la Paix se sont embrassées (Ps. 84, v. 11).

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"Venez à Moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et Moi je vous soulagerai" (Mt 11, 28) *** "La foi c'est l'intelligence éclairée par l'amour." Simone Weil
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