QU'EST-CE QUE LE RÉEL ?
(...) La priorité donnée à la foi au Christ, que le Père Mateo veut établir dans son nouvel institut, est-elle un abandon de la réalité urgente des grands problèmes économiques, sociaux et politiques ? N'est-ce pas là une fuite en dehors de cette réalité ? À cette objection, nous répondons par ces paroles du Pape Benoît XVI : « Qu'est-ce que le réel ? La « réalité » n'est-elle constituée que des biens matériels, des problèmes sociaux, économiques et politiques ? C'est là, précisément, la grande erreur des tendances dominantes du siècle dernier, une erreur destructrice, comme le démontrent les résultats des systèmes marxistes aussi bien que capitalistes. Ils falsifient le concept de réalité en l'amputant de la réalité fondamentale, et donc décisive, qu'est Dieu. Qui exclut Dieu de son horizon falsifie le concept de « réalité » et, par conséquent, ne peut qu'aboutir à des chemins erronés et des recettes destructrices. La première affirmation fondamentale est donc la suivante : seul celui qui reconnaît Dieu connaît la réalité et peut y répondre de manière adéquate et réellement humaine. La véracité de cette thèse apparaît évidente face à l'échec de tous les systèmes qui mettent Dieu entre parenthèses. Mais surgit aussitôt une autre question : Qui connaît Dieu ? Comment pouvons-nous le connaître ? Pour le Chrétien, le coeur de la réponse est simple : seul Dieu connaît Dieu, seul son Fils qui est Dieu né de Dieu, vrai Dieu, le connaît. Et lui, qui est dans le sein du Père, nous l'a dévoilé (Jn 1, 18). D'où l'importance unique et irremplaçable du Christ pour nous, pour l'humanité. Si nous ne connaissons pas Dieu dans et par le Christ, toute la réalité se transforme en énigme indéchiffrable ; il n'y a pas de chemin, et, s'il n'y a pas de chemin, il n'y a ni vie ni vérité. Dieu est la réalité fondamentale, il n'est pas un Dieu seulement pensé ou hypothétique, mais le Dieu à visage humain ; il est le Dieu-avec-nous, le Dieu de l'amour jusqu'à la croix. Lorsque le disciple parvient à la compréhension de cet amour du Christ jusqu'à l'extrême, il ne peut que répondre à cet amour par un amour semblable : Je te suivrai partout où tu iras (Lc 9, 57)» (ibid.)(...)